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Pourquoi les artisans quittent le dispositif RGE en masse ?

Depuis plusieurs années, la transition énergétique mobilise des moyens importants pour encourager la rénovation performante des bâtiments. Pourtant, alors que la demande en travaux énergétiques a doublé entre 2016 et 2019, le nombre d’artisans certifiés Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) ne suit pas le rythme et connaît une baisse marquée. En 2024, la France comptait environ 55 000 entreprises avec ce label, soit une diminution de 16 % par rapport à 2023 et un recul de 23 % depuis 2021. Ce départ massif d’artisans du dispositif RGE pose un sérieux problème pour atteindre les objectifs fixés par les pouvoirs publics en matière d’efficacité énergétique et freine l’accès des ménages aux aides publiques. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, allant des difficultés administratives croissantes aux enjeux économiques et politiques, en passant par les contraintes liées à la concurrence et au coût de la certification. Face à cette réalité, l’État cherche à renforcer l’attractivité du label RGE et à simplifier les obligations pour relancer la dynamique.

Diminution significative du nombre d’artisans RGE : état des lieux et enjeux

Le label RGE est devenu un passage obligé pour les artisans souhaitant proposer à leurs clients les aides à la rénovation énergétique telles que MaPrimeRénov’ ou les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). Pourtant, les effectifs d’entreprises labellisées ont connu une baisse constante depuis 2021. Le tableau ci-dessous illustre l’évolution du nombre d’entreprises certifiées RGE entre 2020 et 2025, avec une chute particulièrement marquée en 2024 :

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Année Nombre d’entreprises RGE
2020 59 320
2021 64 790
2022 65 095
2024 55 000
2025 63 000

Cette baisse intervient dans un contexte où les besoins en rénovation énergétique restent élevés, notamment dans des secteurs clés comme l’installation de pompes à chaleur ou les chaudières bois. Le numérique et la visibilité des artisans RGE, assurée notamment par l’annuaire France Rénov’, sont de plus en plus importants, mais ne parviennent pas à compenser les départs. Selon la Fédération Française du Bâtiment, cette tendance accentue la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et porte atteinte à la réalisation effective des travaux. Pour mieux comprendre cette crise, il est nécessaire d’analyser les causes sous-jacentes.

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Complexité administrative et charges élevées freinent la certification RGE

Plusieurs acteurs du secteur dĂ©noncent la lourdeur du dispositif RGE, notamment en matière d’obligations administratives. La gestion des dossiers pour les aides MaPrimeRĂ©nov’, par exemple, s’avère chronophage pour les artisans qui prĂ©fèrent se concentrer sur leur cĹ“ur de mĂ©tier plutĂ´t que sur des procĂ©dures rĂ©glementaires souvent qualifiĂ©es d’usines Ă  gaz. Cette complexitĂ©, combinĂ©e aux contrĂ´les renforcĂ©s, avec visites sur chantier et vĂ©rifications annuelles, dĂ©route un grand nombre de professionnels. Certains quittent donc le dispositif prĂ©fĂ©rant exercer sans label, mĂŞme si cela signifie renoncer aux aides financières pour leurs clients.

Les retards de paiement et la gestion des dossiers administratifs, notamment chez les entreprises mandataires, ajoutent une couche de difficulté supplémentaire. Ces contraintes remettent en cause l’intérêt pour de nombreux artisans, en particulier face à une concurrence accrue et à un coût de certification devenu plus perceptible. Cette situation est analysée dans plusieurs articles de presse qui expliquent en détail pourquoi les artisans rejettent le label RGE malgré son rôle clé dans la transition énergétique.

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Tensions économiques et politiques dans le secteur du bâtiment

Les fluctuations des matériaux, de l’énergie et le contexte politique, notamment les périodes électorales, accentuent l’incertitude dans un secteur déjà fragilisé. La hausse des coûts et la baisse de la rentabilité des chantiers poussent certains artisans à privilégier des marchés moins contraignants ou non certifiés. Cela contribue à la baisse du nombre de professionnels engagés dans la rénovation durable, un paradoxe dans un contexte d’ambition accrue en matière d’efficacité énergétique.

Par ailleurs, l’organisation d’événements exceptionnels, comme les derniers Jeux Olympiques, a eu un effet pervers en Île-de-France où de nombreux artisans du BTP se sont concentrés sur les chantiers liés, délaissant la nécessité d’obtenir ou de renouveler la certification RGE, ce qui a fortement réduit l’offre de professionnels qualifiés dans quelques départements sensibles.

Impact de la diminution des artisans RGE sur la rénovation énergétique

La baisse du nombre d’artisans certifiés engendre des conséquences notables. Le premier obstacle majeur est la difficulté accrue pour les particuliers d’accéder aux aides indispensables pour financer leurs travaux de rénovation. Sans certification RGE, les artisans ne peuvent pas officiellement proposer des chantiers éligibles à MaPrimeRénov’ ou aux primes CEE, ce qui limite la portée du dispositif et freine la massification des rénovations globales.

Cette situation engendre également un renchérissement des coûts et des délais, car les professionnels qualifiés voient leur carnet de commandes saturé. En 2024, la filière chauffage, ventilation, et climatisation (CVC) a enregistré une baisse de 16 % de ses entreprises RGE, ce qui illustre le déséquilibre croissant entre offre et demande dans un secteur stratégique. Pour répondre à cette crise, des stratégies comme la simplification du label RGE ou l’accompagnement intensifié des artisans sont déployées, notamment par des plateformes comme Hellio.

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Vers une rénovation globale : un nouveau levier pour dynamiser le label RGE

Face Ă  ces difficultĂ©s, le gouvernement a orientĂ© en 2023 sa politique vers la rĂ©novation globale des bâtiments, rĂ©duisant la fragmentation des aides par geste et favorisant des opĂ©rations conduisant Ă  un gain Ă©nergĂ©tique supĂ©rieur Ă  35 %. Cette approche est soutenue par l’augmentation significative du budget de MaPrimeRĂ©nov’Copro, montĂ©e Ă  455 millions d’euros, afin d’inciter les copropriĂ©taires Ă  engager des travaux plus ambitieux.

Cette évolution incite les artisans à renouveler leur engagement dans le dispositif RGE, car la garantie de travaux de qualité et d’efficacité pérenne leur apporte une meilleure valorisation commerciale. Le rôle des professionnels labellisés devient alors stratégique, d’où l’initiative de sensibilisation visant à bien choisir un artisan RGE pour éviter les risques de fraude ou de malfaçons, soulignée dans des articles spécialisés comme Comment bien choisir un artisan RGE.

Perspectives 2026 : les objectifs pour inverser la tendance

Malgré cet épisode de départ massif, les pouvoirs publics conservent leurs ambitions. L’objectif est de porter à 250 000 le nombre d’entreprises certifiées d’ici 2028, un défi considérable au regard des dépassements actuels. Pour cela, des mesures d’allègement des formalités administratives et de simplification du dispositif RGE sont envisagées, permettant aux entreprises non encore labellisées de débuter les chantiers en attendant leur certification définitive.

L’enjeu est aussi économique, puisque la rénovation énergétique représente une opportunité de développement importante pour les artisans détenant la qualification. Des formations et aides sont mises en place pour accompagner la montée en compétences et soutenir le réseau croissant d’entreprises RGE partenaires. Cette dynamique vise aussi à renforcer la lutte contre les fraudes, un point crucial dans la confiance accordée par les clients aux professionnels certifiés.

Pour suivre ces évolutions, des ressources comme le guide sur l’évolution du label RGE en 2025 offrent une vision claire des nouvelles réglementations et obligations liées à la certification.

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